Depuis quelques mois, diverses observations rapportent l’apparition de tics avec une fréquence assez élevée chez les utilisateurs du réseau social TikTok. Cette application mobile, lancée en Chine en 2014, est fort utilisée par les enfants et les adolescents. Parmi ceux-ci, la fréquence usuelle des tics d’apparition brutale d’environ 1 à 2% monte à 20-30%, touchant surtout le sexe féminin, alors que les tics moteurs sont généralement plus fréquents chez les garçons (3-15% de la population pédiatrique, surtout entre 6 et 10 ans). Il s’agit de tics complexes consistant surtout en la répétition de mots ou de petites phrases parfois obscènes, s’accompagnant de mouvements des bras et/ou des mains: applaudir, montrer du doigt, frapper une partie du corps… (1). La similitude des descriptions même chez des patients fort éloignés géographiquement fait penser que leur apparition pourrait avoir été favorisée par la surutilisation de ce réseau social, entre autres durant les confinements récents. La phénoménologie de ces tics permet d’écarter le diag‑nostic de Gilles de la Tourette (2). Il s’agit de mouvements anormaux d’origine fonctionnelle de type sociogénique pour lesquels on peut déterminer classiquement des facteurs prédisposants (alexithymie, vulnérabilité dans l’enfance…), précipitants (anxiété, stress, isolement, confinement) et perpétuants (utilisation de réseau social…).
Ces troubles fonctionnels neurologiques méritent une approche diagnostique et thérapeutique humaine, allant un peu à l’encontre de l’évolution moderne et technique de la médecine, parfois quelque peu déshumanisée… (3), avec une transdisciplinarité indispensable et une bonne complémentarité entre neurologues et psychiatres pour une prise en charge rappelant la neuropsychiatrie et les leçons de Charcot à la Salpêtrière (4).