Les médecins assistants candidats spécialistes (MACS) attendaient de l’INAMI depuis mai 2021 un “outil d'enregistrement électronique fourni par le gouvernement, géré par une tierce partie indépendante, pour enregistrer les heures de travail qu'il a prestées et calculer les indemnités dues”. Las d’attendre ils ont développé leur propre application. Elle sera opérationnelle d'ici un mois.
Voilà. Les médecins en formation vont bientot pouvoir utiliser une application qui mesurera mieux leur temps de travail. Depuis plusieurs mois, la Délégation des Médecins Francophones en Formation (DeMeFF) entend sortir du débat sur le temps de travail des médecins en formation par le haut en donnant des solutions concrètes aux autorités.
Aujourd’hui, elle lance l’application Log.Doctor « La préinscription à l’open-beta est d’ores et déjà en ligne . Cette solution a également fait l’objet d’une présentation lors du meeting de l’European Junior Doctors Association (EJD), devant les autres délégations nationales, permettant d’ouvrir un débat constructif sur une problématique partagée par de nombreuses autres nations européennes et préparant les futures collaborations européennes. » explique Dr Sami Barrit de la DeMeFF.
« Nous invitons tous les médecins spécialistes en formation sur www.log.doctor. Le site est actuellement en mode invitation, mais pour être informé du lancement il suffit de s'inscrire . Nous l’avons déjà testé avec une vingtaine de médecins et plus de 75% des utilisateurs étaient satisfaits. Nous allons faire un partenariat avec les Finlandais et les Croates qui ont des problématiques similaires. Tout le monde pourra l’utiliser. Nous attendons les retours des futurs utilisateurs. Il s’agit d’une application décentralisée. Si le Vaso est intéressé, il pourra l’utiliser. Tout est libre d’accès. Les Français sont aussi très intéressés.”
Pour lui, un point est essentiel: “Nous n’avons pas développé l’application pour les hôpitaux mais pour les médecins. Ce n’est pas une application de ressources humaines comme voudrait le faire l’Inami mais une application qui permet de mieux protéger le temps de travail des médecins et qu’ils puissent passer plus de temps auprès des patients. Il y a aussi dans l’application un monitoring de la santé mentale des médecins et c’est très important. C’est une application centrée sur les soignants » explique Dr Sami Barrit.
Les principaux atouts
Selon la DeMeFF, les principaux atouts sont les suivants
● une application open-source et décentralisée, permettant une adaptation continue des fonctionnalités de l’application aux besoins des utilisateurs, par les utilisateurs, afin de répondre aux spécificités locales ;
● l’importation et l’utilisation d’algorithmes pour le (pré-)remplissage des horaires prévisionnels, facilitant ainsi le suivi et le contrôle des horaires prestés ;
● l’estimation du salaire pour vérifier sa bonne adéquation avec les fiches salariales fournies par l’hôpital ;
● l’utilisation, à terme, de la blockchain comme gage de confiance assurant l’infalsabilité des données enregistrées en cas de litige entre parties impliquées;
● la génération de metrics permettant un suivi rapproché des maxima légaux avec des alertes qui y sont associées, ainsi qu’un monitoring de la santé mentale et une prévention du burn-out.
Retrocactes
Pour rappel, l’accord trouvé en commission paritaire nationale médecins-hôpitaux (CPNMH) en mai 2021 prévoit, à son article 7, que “[l]e médecin spécialiste en formation utilise un outil d'enregistrement électronique fourni par le gouvernement, géré par une tierce partie indépendante, pour enregistrer les heures de travail qu'il a prestées et calculer les indemnités dues”.
Cet outil d’enregistrement du temps de travail devait être mis à disposition de l’ensemble des MACS pour la rentrée académique 2022 (octobre 2022). Un budget d’un million d'euros pour 3 ans avait été alloué au projet par l’INAMI. Cependant, le développement technique de l’outil n’a, à ce jour, pas encore commencé.
« Par ailleurs, et tel que nous le présagions depuis le début des discussions, le risque d’un outil suboptimal centré sur les besoins de l’employeur ou de l’administration publique et n’ajoutant finalement qu’une énième couche supplémentaire de tâches administratives lourdes entravant l’activité clinique des MSF est bien présent.
C’est pour ces raisons que nous avons, dès septembre 2021, initié une collaboration avec une start-up anglaise spécialisée dans l’enregistrement du temps de travail sur la blockchain. »
Une présentation est prévue avec la commission paritaire nationale médecins-hôpitaux et le Cabinet du ministre Vandenbroucke le 7 décembre.