La modernisation des installations ne doit pas faire oublier la problématique du manque de personnel, qui plonge les travailleurs - et leurs patients - dans la précarité, a affirmé jeudi le front commun syndical de l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle aile du complexe.
Les représentants des travailleurs de l'Huderf ont salué la création et les qualités de l'aménagement intérieur du nouveau bâtiment, se disant «heureux qu'un tel investissement ait pu être réalisé pour un hôpital public bruxellois».
«Toutefois, un hôpital est surtout fait de personnes: des patients, des familles, du personnel... Si ce personnel est mal considéré, comment peut-il poursuivre une prise en charge adéquate de ses patients? Entre ces murs travaille un personnel en sous-effectif quasi quotidien. Epuisé de mener de front plusieurs combats, il ne peut finaliser aucune tâche; encore moins trouver ses marques dans de nouvelles infrastructures aussi techniques, s'informer sereinement des nouveaux équipements et nouvelles procédures», ont souligné les organisations syndicales par voie de communiqué.
Celles-ci ont notamment évoqué les difficultés d'accès à un lieu de travail «mal desservi par les transports en commun» et bientôt une impossibilité de stationner aux abords de l'hôpital; des horaires de travail régulièrement modifiés en dernière minute; de nombreuses heures supplémentaires prestées en impactant fortement la vie privée.
Selon ses représentants, le non-respect du personnel se traduit aussi dans les relations de travail: propos dégradants ou désobligeants de la part de certains médecins, travail en l'absence de surveillance périodique de la santé de certains travailleurs, parfois au mépris de problèmes de santé qui nécessiteraient une adaptation du poste de travail.
Cette souffrance s'inscrit dans un cadre général de sous-investissement dans le personnel des hôpitaux publics bruxellois, dont les barèmes sont de 15 à 65% plus bas que dans les autres régions du pays, ont-ils encore dit.
A l'occasion de l'inauguration de la nouvelle aile de l'hôpital, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close et la présidente du CPAS Karine Lalieux ont reconnu publiquement qu'il était actuellement difficile de travailler dans un hôpital en manque de personnel.
M. Close a rappelé, dans ce contexte, que l'indice de croissance des soins de santé était bloqué au même niveau depuis 2014, «ce qui n'est pas un hasard», a-t-il commenté, faisant allusion à l'année de l'entrée en fonction du gouvernement Michel alors dominé par le MR et la N-VA.