Prise en charge des enfants: les urgentistes inquiets

 

L'arrêté royal fixant les normes auxquelles un programme de soins pour enfants doit répondre pour être agréé préoccupe particulièrement les urgentistes. «Il n'y a en effet aucune garantie d’un transfert efficace et de qualité des enfants malades avec instabilité vitale vers une unité de soins intensifs après admission à l’hôpital par le SMUR ou les services d'urgence», déclarent les urgentistes dans un communiqué.

 

 

L'arrêté royal fixant les normes auxquelles un programme de soins pour enfants doit répondre pour être agréé a été publié au Moniteur belge le 18 avril 2014. Il fixe, entre autres,  que le programme de soins tertiaire prévoit à tout moment la possibilité d'assurer le transport urgent médicalisé et intra-hospitalier des enfants malades avec instabilité vitale. «Ce transport doit être assuré par une équipe expérimentée dont la composition est adaptée en fonction de la gravité. Un médecin de l'équipe de soins intensifs pédiatriques est à tout moment disponible dans les 20 minutes pour rejoindre cette équipe», peut-on lire dans l'arrêté royal. 

 

Jan Stroobants, président du Belgian College of Emergency Physicians (BeCEP), estime que cette réglementation «impose des restrictions quant à l'organisation des unités de soins intensifs pédiatriques, où ces enfants devraient normalement être hospitalisés le plus vite possible après un premier diagnostic et une stabilisation dans le service d'urgence où ils ont été admis. Il en résultera que des enfants dans un état très critique devront séjourner plus longtemps dans un service d'urgence en attendant d'être admis dans une unité de soins intensifs, ce qui est médicalement et éthiquement injustifiable. Il est évident qu’en pratique, plusieurs heures risquent de s’écouler avant qu'un des deux centres de soins potentiellement agréés en soins intensifs pédiatriques par communauté ne vienne récupérer l'enfant gravement malade dans les différents services d'urgence du pays.»  

 

 

Nécessaire concertation

 

Les urgentistes déplorent que les organismes représentatifs (l'Union professionnelle des urgentistes, l’Union scientifique, le Conseil National des secours médicaux d'urgence, le Collège qualité de médecine d'urgence) «n'aient pas été invités à analyser ces textes importants et à attirer l’attention de la ministre sur un éventuel risque accru de complications pour l'enfant souffrant d'une malade grave aiguë.» D'autant plus que, pour le BeCEP, ce droit d'avis ayant trait aux soins aigus formulé par des organisations composées de vrais experts en la matière, a encore été présenté l'année passée par le collège à la demande de la ministre comme l'un des points d’amélioration préventive essentiel dans la gestion de la politique de santé du pays. «Nous sommes encore trop souvent confrontés aux conséquences fâcheuses de décisions politiques aux risques d’autant plus mal évalués que celles-ci sont introduites unilatéralement par des groupes de pression qui n'ont aucun contact avec les services d'urgence ou les SMUR.»

 

Jan Stroobants considère que cet AR «qui avait pour but de protéger l'enfant, tuera certainement des enfants s'il reste dans sa forme actuelle.» Le BeCEP espère que cette nouvelle législation sera annulée le plus vite possible par le Conseil d'Etat.

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